Comportements-barrière

Les comportements-barrière sont la totalité des gestes et comportements individuels et collectifs susceptibles de ralentir la propagation d'une épidémie.



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Hygiène - Épidémiologie - Physiopathologie en maladie infectieuse

Les comportements-barrière sont la totalité des gestes et comportements individuels et collectifs susceptibles de ralentir la propagation d'une épidémie. La notion de comportements-barrière, dans le domaine de la lutte contre les épidémies, a été vulgarisée à l'occasion de la médiatisation du SRAS et de la grippe aviaire. Mais, des mesures-barrières complexes et efficaces étaient pratiquées dès l'Antiquité et l'ont été à grande échelle contre les vagues successives de peste noire au milieu du xive siècle.


Types de barrières

Il y a plusieurs niveaux de barrière contre les maladies infectieuses.

  • il faut le temps qu'une partie suffisante de la population exposée au risque soit vaccinée, et ensuite que le corps, en réaction au vaccin, produise suffisamment d'anticorps (certains vaccins nécessitent plusieurs injections).
  • occasionnellement(grippe pandémique, VIH/Sida, etc. ) le vaccin n'existe pas ou doit être créé à partir d'une souche isolée (et dans ce temps, le virus peut muter et rendre le vaccin inefficace).
  • le vaccin doit ensuite être testé, fabriqué en quantité suffisante, distribué puis inoculé, ce qui nécessite toujours 6 à 12 mois, ou alors plus.
A titre d'exemple, en 2006, dans le cas d'une pandémie grippale, on estime qu'il faudra au moins 6 mois pour que les premiers vaccins soient livrés et disponibles et jusqu'à un an ou alors deux pour en produire assez pour toute la population, dans les meilleures conditions.
Les stratégies contre une pandémie visent à en premier lieu limiter et freiner l'épidémie, le temps qu'un vaccin soit disponible.
Pour cela deux barrières complémentaires doivent être activées.

Définition approfondie

La notion de comportements-barrière regroupe l'ensemble des gestes et comportements individuels et/ou collectifs susceptibles de bloquer une épidémie à sa source, en freinant la propagation des microbes contagieux.

Elle s'applique tant à la sphère privée qu'à la sphère publique, à l'individu qu'au groupe ainsi qu'à la société.

On parle aussi de mesures comportementales, mesures sociétales ou de mesures non-pharmaceutiques. Ces mesures font partie des mesures organisationnelles.

Le principe vaut pour l'ensemble des maladies infectieuses et est décliné en mesures adaptées aux caractéristiques propres de chaque microbe. Les gestes qui peuvent protéger contre la contagion changent selon le microbe - mode d'action et de contagion, pathogénicité - qu'il faut par conséquent bien connaître, et qui peuvent évoluer au cours d'une épidémie, soit parce que le virus mute, soit parce qu'il fait la connaissance de des populations dont qui lui sont immunitairement plus vulnérables.

A titre d'exemple,

Cas d'une grippe pandémique

Avec un virus de type H5N1 ou ayant des caractéristiques proches du virus de la grippe de 1918, le risque de pénurie ou d'inefficacité des traitements antiviraux ou des vaccins - s'ils ne provoquent pas d'adaptation sélective rapide de souches virales - permettront au mieux que de diminuer d'un jour ou deux la durée de la maladie et espère-t-on l'intensité des symptômes et par conséquent le nombre de morts. Les hôpitaux et services de santé seront surchargés.

On ne dispose pas encore de détecteurs servant à mesurer en temps réel la présence de virus dans l'air.
La lutte contre une pandémie grippale passe par conséquent aussi par des mesures non-pharmaceutiques, comportementales et organisationnelles.

Le virus grippal est dangereux quand il est à la fois particulièrement pathogène et hautement contagieux. Quand il est contagieux, il est connu aisément transmis par l'air lors des éternuements ou des toux, et par les mains ou des objets souillés (fomites). Dans le cas d'une grippe systémique, c'est-à-dire qui attaque de nombreux organes et dispositifs vitaux, chez les malades gravement touchés la contagion pourrait aussi venir des excréments, ou alors de l'urine.

En cas de pandémie, au niveau d'alerte 6, l'AFSSET considère que «les conditions de température et d'humidité régnant dans l'atmosphère des bâtiments collectifs peuvent être favorables à la survie du virus pendant plusieurs heures» et que «la transmission par les climatisations centralisées ne peut être totalement exclue» mais elle est difficilement évaluable car il dépend de variables complexes (virulence de la souche virale, cheminement et turbulence de l'air dans les pièces et les dispositifs de ventilation, etc. ). Les filtres biocides, électrostatiques, la désinfection par ionisation, photocatalyse, UV, plasma froid, etc. n'ayant pas pu être testé en situation réelle d'exposition à des virus hautement pathogène, dans l'attente qui plus est d'informations, l'AFSSET a recommandé dans un rapport[1] rendu le 9 juin 2009 les mesures et comportements-barrière classiques, avec par ordre hiérarchisé (décroissant en efficacité)  :

  1. ) Avoir une hygiène rigoureuse (respiratoire, avec lavage méticuleux et régulier des mains). Toute personne présentant des signes d'infection respiratoire doit porter un masque.
  2. ) Dans les bâtiments collectifs : inviter les personnes potentiellement contaminées à ne pas fréquenter les bâtiments publics et les immeubles de bureau ; éviter de rassembler des gens dans une même pièce en facilitant le télétravail et les réunions téléphoniques, ou préconiser une distance de sécurité entre chacun et son plus proche voisin (d'au moins 2 mètres). Si des travaux de maintenance devait être fait sur des conduits de ventilation, l'opérateur devrait porter un masque performant (type FFP2 ou FFP3) et des gants jetables, mais l'AFSSET estime que «l'efficacité d'une décontamination des conduits aérauliques n'a pas été prouvée en cas de découverte de cas de grippe dans un bâtiment»
  3. ) Aérer plusieurs fois par jour (en ouvrant les fenêtres dix minutes). Si le bâtiments présente une ventilation mécanique simple ou double flux, maintenir la ventilation et fermer les portes durant l'aération.

Si un bâtiment collectif dispose d'une centrale de climatisation (climatisation centralisée), l'AFSSET suggère de maintenir l'apport d'air extérieur et d'arrêter, si envisageable sans autre inconvénient, le recyclage. Si ce découplage du recyclage est impossible, maintenir le fonctionnement normal de la centrale de traitement de l'air.
les responsables d'installations de climatisation devraient toujours tenir à jour le schéma des installations et un registre d'entretien, et maintenir l'aération régulière des locaux, et veiller à ce que les entrées d'air et bouches d'aération ne soient pas obstruées et «procéder à des essais de passage en tout air neuf, dans les bâtiments pourvus d'une centrale de traitement d'air avec recyclage d'air».

Gestes de comportements-barrière

Eternuement

Méthode de comportement-barrière lors d'un éternuement sans protection avec les mains

Un conseil actuellement banalisé est de mettre la main devant la bouche lorsque on éternue ou tousse. Ce geste protège l'entourage immédiat et dans l'instant, mais le virus est alors abondamment présent sur la peau des mains et peut être déposé sur divers objets qui deviennent alors des fomites. Un malade grippé peut éternuer des dizaines de fois dans la journée et ne pas être en mesure de se laver les mains à chaque toux ou éternuement (sans toucher les poignées de portes ni la robinetterie).

Lorsque le malade n'a pas de masque, ni de grand mouchoir ou de mouchoir en papier immédiatement disponible, l'objectif d'un comportement-barrière est que la personne éternue en protégeant son entourage, mais sans se contaminer les mains.

Deux méthodes (gestes et comportement-barrières) permettent de le faire aisément. Il s'agit d'éternuer et/ou tousser dans un coude, le bras plié devant soi ou d'éternuer dans les deux coudes, les deux bras croisés devant soi, les mains sur le côté ou en arrière. La méthode permet aussi de ne pas réinspirer la plupart de particules virales comme quand on porte un masque chirurgical ou sans valves. Elle permet aussi de perdre le réflexe qu'ont certaines personnes de se pincer le nez en éternuant, ce qui est douloureux pour les tympans.

Ces méthodes peuvent être apprises aux enfants et il est aisé d'en expliquer l'intérêt : limiter le risque de contamination des mains, et ensuite d'objets. Le'bon-mauvais'réflexe de mettre la main devant la bouche est plus complexe à perdre pour l'adulte.

Eternuer dans ses coudes sans contaminer l'environnement est a priori toujours plus efficace avec des vêtements longs que bras nu.

Crachats

Tousser est un acte réflexe. Cracher au sol, surtout dans les espaces publics est cependant une pratique moralement ou juridiquement condamnable dans certains lieux, pays et cultures, mais néanmoins courante. Cette pratique est connue contribuer à la diffusion de microbes tels que ceux de la grippe, de la tuberculose.

Cracher est quelquefois nécessaire ; l'expectoration et le crachat sont des moyens naturels pour les poumons de se débarrasser d'impuretés inhalées ou de résidus biologiques nuisant à la fonction pulmonaire (mucosités, cellules mortes, pus, sang.. ). Avaler ces produits n'est pas souhaitable.

Après expectoration, le crachat est le plus souvent avalé. Le mucus pulmonaire peut être peut-être infecté ou pollué. Certains virus peuvent être détruits par l'acidité stomacale ; il n'est cependant pas exclu que les propriétés de surface de l'acide puissent permettre à certains virus de se fondre dans le mucus stomacal où il sera protégé de l'acide gastrique (ce mucus, qui protège la paroi de l'estomac est riche en acide sialique, qui est la cible du virus dans l'organisme). Le mouvement des parois de l'estomac et du bol alimentaire peuvent permettre aux virus de passer dans l'intestin qu'ils peuvent alors infecter. De nombreux microbes, et certains parasites colonisent de cette façon l'intestin, certains passant aisément la barrière stomacale.

Au XIXe siècle, les lieux publics, dont les saloons aux USA, étaient équipés de crachoirs. Durant la grippe espagnole, tandis que la tuberculose était toujours particulièrement répandue, étaient vendus dans certains pays occidentaux des crachoirs portatifs (par exemple en forme de tortue dont la carapace servait de couvercle) permettant aux gens de cracher en ville ou dans les transports en commun, en préservant un minimum d'hygiène.

Dernièrement, ce sont les mouchoirs en papier qui sont les plus utilisés. Les plans nationaux contre une éventuelle pandémie de grippe encouragent l'utilisation de mouchoirs en papier, à brûler ou jeter dans des poubelles à double sac, à éliminer dans les conditions d'hygiène optimales.

Comportements affectifs

Ils doivent être modifiés et adaptés pour faire face à la maladie et au risque de contagion. Face à une grippe pandémique, les baisers, les accolades sont à éviter, les soins aux enfants ou aux personnes âgées doivent faire l'objet de précaution supplémentaires.

Excréments

Le modèle animal et l'expérience des premiers cas humains montrent qu'à la différence des virus responsables des grippes saisonnières, le H5N1 HP peut attaquer de nombreux organes, et qu'on peut le retrouver, quelquefois abondant, dans l'intestin et les excréments qui deviennent alors des produits à risque (y compris chez le chat domestique, chez les volailles et autres oiseaux d'ornement ou encagés).

Une gestion attentive des boues d'épuration, des fosses septiques, des réseaux d'égouts mais aussi du nettoyage des toilettes publiques peut être un facteur important pour limiter une épidémie grippale due à un virus hautement pathogène pour limiter toute transmission par voie orofécale.

A titre d'exemple, certains experts, dont au sein de l'AFSSA en France, ont noté en 2005 un fait : les 5 premiers foyers de grippe aviaire en Russie de l'année étaient tous localisés le long du transsibérien, et les 2 suivants le long d'une voie ferrée qui lui est perpendiculaire. Les excréments étaient rejetés depuis les trains sur les voies puis ingérés par les oiseaux.

Autres excrétats

La pneumopathie génèrée par un virus peut déclencher de violentes expectorations sanglantes (projections jusqu'à un mètre), des vomissements ou diarrhées hémorragiques.

Les fluides émis par les cadavres peuvent poser des problèmes de ce type. Les mouches, les rats et divers nécrophages peuvent être attirés par ces produits et s'y contaminer, et ensuite diffuser le virus. Les chaînes de contagion et de transmissions sont mal connues. Dans le doute ce type de risques et dangers devraient être soigneusement pris en compte.

Voir aussi

Notes et références

  1. Avis de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail Relatif à «l'évaluation du risque sanitaire pour l'homme lié à la présence de virus Influenza pandémique dans l'air des bâtiments et sa diffusion éventuelle par les systèmes de ventilation» Saisine Afsset n°«2006/003» (Rapport demandé en 2006 par Didier Houssin, Délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire, et publié après des tests en bureaux témoins du laboratoire d'essai du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et deux ans d'expertise par un groupe de dix experts nationaux dont les travaux ont été relus et évalués par les comités d'experts spécialisés «air» et «eau» de l'Afsset)

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"différents comportements"

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