Grippe / Influenza

La grippe est une maladie infectieuse fréquente et contagieuse causée par trois virus à ARN de la famille des Orthomyxoviridæ, touchant les oiseaux et certains mammifères dont le porc et l'être humain.



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Définitions :

  • Maladie infectieuse grave causée par les virus influenza de type A, B ou C. Elle se définit par une infection des voies respiratoires... (source : roche)
Virions grippaux (Myxovirus influenzæ) quittant leur cellule hôte, grossis cent mille fois.
Cliché de microscopie électronique en transmission issu de la bibliothèque d'images de Santé publique du Center for Disease Control. [1]

La grippe (ou influenza) est une maladie infectieuse fréquente et contagieuse causée par trois virus à ARN de la famille des Orthomyxoviridæ (Myxovirus influenzæ A, B et C), touchant les oiseaux et certains mammifères dont le porc et l'être humain.

La grippe épidémique ou grippe commune

Article détaillé : Grippe saisonnière.

Elle sévit sur un mode épidémique saisonnier principalement autumno-hivernal. Elle se traduit chez l'être humain par un ensemble de signes non spécifiques associant fièvre, céphalées, toux, pharyngite, myalgies, asthénie et anorexie. Ces symptômes, éléments du syndrome grippal dont la grippe n'est qu'une cause parmi d'autres, font évoquer le diagnostic par la soudaineté de leur apparition, leur survenue en période d'épidémie grippale et leur disparition habituelle après quelques jours d'évolution. Dans les cas les plus sérieux, la grippe est grevée de complications (au premier rang desquelles les pneumonies bactériennes et la déshydratation) envisageablement fatales.

La transmission inter-humaine de la maladie est principalement respiratoire, via des gouttelettes riches en virus provenant de la toux et des éternuements des sujets infectés. Le diagnostic de la grippe en période d'épidémie est simple, et une grippe non compliquée relève généralement d'un traitement symptomatique. Des antiviraux sont disponibles pour le traitement et la prophylaxie de la grippe, parmi lesquels les inhibiteurs de la neuraminidase tiennent actuellement une place de choix. La prévention de la grippe repose sur une vaccination annuelle, proposée dans la majorité des pays industrialisés aux personnes à risque[2] et administrée aux volailles d'élevage[3].

Fréquemment banalisée comme synonyme de rhume ou de «coup de froid», la grippe est une maladie sérieuse et un problème majeur de santé publique à l'échelle planétaire[4]. Elle est responsable dans le monde d'une morbidité élevée et de 250 000 à 500 000 décès par an (en France, la grippe provoque chaque année entre 1500 et 2000 morts) [5], principalement de jeunes enfants et de personnes âgées. Le coût sanitaire et social annuel de la grippe est énorme, évalué à plusieurs milliards de dollars aux États-Unis, ainsi qu'à 460 millions d'euros en France[6] pour une épidémie moyenne.

Les grippes pandémiques

Indépendamment des épidémies, des pandémies grippales plus meurtrières sont susceptibles de survenir plusieurs fois par siècle lors de l'émergence de souches virales à la fois nouvelles mais également hautement contagieuses d'homme à homme. Ce qui semble principalement le fait des souches d'origine porcine dites "grippes porcines".

Citons :

Cela ne semble pas être le cas de la grippe A (H1N1) apparue en avril 2009 et particulièrement contagieuse, mais dont la mortalité apparaît moins élevée que ce qui était craint originellement.

Historique

Épidémiologie de l'Antiquité au XIXe siècle

Les symptômes de la grippe humaine ont été clairement décrits par Hippocrate il y a près de 2 400 ans[8], [9]. Tite-Live décrivit dans la Rome antique des épidémies brutales qui semblent rétrospectivement pouvoir être attribuées à la grippe. Depuis lors, le virus a été responsable de nombreuses pandémies. Les données historiques concernant la grippe sont complexes à interpréter, car le syndrome grippal se rencontre aussi dans d'autres maladies épidémiques (diphtérie, peste bubonique, fièvre typhoïde, dengue, typhus, hépatite A). La première observation convaincante remonte à 1580, avec une pandémie qui partit d'Asie et s'étendit à l'Europe ainsi qu'à l'Afrique. Plus de huit mille morts furent comptés à Rome et plusieurs villes espagnoles furent frappées. Les pandémies se poursuivirent de façon sporadique au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle[10], et on note une pandémie étendue entre 1830 et 1833 (un quart des personnes exposées auraient été infectées) [11]. Ce n'est qu'à partir des années 1850 qu'une description systématique des épidémies fut entreprise par le britannique Theophilus Thompson[12].

Les pandémies du XXe siècle

Courbe de la mortalité par grippe espagnole dans quatre grandes villes du monde entre 1918 et 1919.

La pandémie la plus meurtrière connue à ce jour est celle de la «grippe espagnole» (virus influenza A, sous-type H1N1) qui sévit entre 1918 et 1919. Les plus anciennes estimations parlent de quarante à cinquante millions de morts[13] alors que des évaluations plus récentes livrent le chiffre de cinquante à cent millions de morts dans le monde[14], ce qui en ferait une des plus graves catastrophes sanitaires de l'ensemble des temps, tout comme la peste noire de 1347-1350[11]. Une autre particularité de cette pandémie est qu'elle tua essentiellement de jeunes adultes, 99 % des décès étant survenus avant soixante-cinq ans et plus de la moitié entre vingt et quarante ans[15]. Cette forte létalité s'explique par un taux d'attaque particulièrement élevé (près de 50 % des personnes exposées) et par la sévérité extrême des symptômes, dont on suspecte qu'elle soit liée à une réaction immunitaire excessive («orage cytokinique») [13]. Les symptômes, inhabituels pour une grippe, firent en premier lieu passer la maladie pour une dengue, un choléra ou une fièvre typhoïde. Un observateur écrivit «une des complications les plus frappantes était une hémorragie des muqueuses, en particulier de celles du nez, de l'estomac et des intestins. Des saignements auriculaires et des hémorragies pétéchiales survenaient aussi»[14]. La majorité des décès firent suite à des surinfections, surtout des pneumonies bactériennes, mais le virus tua aussi directement en causant des hémorragies et des œdèmes pulmonaires massifs dépassant les possibilités thérapeutiques de l'époque[16].

Article détaillé : Grippe espagnole

Les pandémies suivantes furent moins dévastatrices. La «grippe asiatique» de 1957 (virus de type A, souche H2N2) et la «grippe de Hong Kong» de 1968 (virus de type A, souche H3N2) firent malgré tout des millions de morts dans le monde. Le développement des antibiotiques, en donnant la possibilité le traitement des surinfections bactériennes, pourrait avoir joué un rôle non négligeable dans la diminution de la mortalité[16]. De nouvelles menaces virent le jour dans le New Jersey en 1976 («grippe du cygne»), dans le monde entier en 1977 («grippe russe») et depuis 1997 à Hong Kong et dans d'autres pays asiatiques avec le virus H5N1. Cependant depuis 1968, l'immunité acquise contre les souches des précédentes pandémies et la vaccination ont limité l'expansion du virus et peuvent avoir aidé à prévenir le risque de nouvelles pandémies[17].

Principales Pandémies grippales connues[17], [11]
Pandémie Date Décès Sous-type impliqué Index de sévérité
Grippe asiatique (russe) 1889–1890 1 million H2N2 ?  ?
Grippe espagnole 1918–1920 30 à 100 millions H1N1 5
Grippe asiatique 1957–1958 1 à 1, 5 million H2N2 2
Grippe de Hong Kong 1968–1969 0, 75 à 1 million H3N2 2
Grippe A (H1N1) de 2009 2009–2009 2004 (14 aout 2009) [18] H1N1 NA

Identification du germe (virus)

La grippe était faussement attribuée à une bactérie jusqu'à ce que les agents étiologiques de la grippe, les virus de la famille des Orthomyxoviridæ, soient identifiés chez le porc par Richard Schope en 1931[19]. Cette découverte fut bientôt suivie par l'isolement du virus chez les humains par un groupe de recherche dirigé par Patrick Laidlaw au Medical Research Council (Conseil de recherche médicale) du Royaume-Uni en 1933[20]. Enfin il fallut attendre que Wandell Stanley cristallise le virus de la mosaïque du tabac en 1935 pour que la nature non-cellulaire des virus soit connue.

Découverte du vaccin

Elle ne pouvait logiquement se faire sans l'identification du virus responsable. La première étape significative vers la prévention de la grippe fut le développement, en 1944, d'un vaccin à base de virus grippal tué découvert par Thomas Francis, Jr., avec le soutien de l'armée américaine[21]. Cette découverte se basait sur les travaux fondamentaux de Frank Macfarlane Burnet, qui démontra que le virus perdait sa virulence quand il était cultivé dans des œufs de poule embryonnés[22]. L'armée américaine, durement frappée par la grippe durant la Première Guerre mondiale, s'impliqua activement dans ces recherches[14] (travaux poursuivis dans les Années 1950, par les découvertes sur l'Interferon par Jean Lindenmann) [23]. Dès le début, l'animal modèle dans ces travaux en Immunologie a été le furet (Mustela putorius furo) [24].

Terminologie

Le mot «influenza» (abbrégé en flu) a été utilisé pour la première fois en Angleterre au XVIIIe siècle lors de l'épidémie de 1743, pour qualifier la grippe. Il semble provenir de l'expression italienne «influenza di freddo» ( (sous) l'influence du froid). Il rappelle le caractère saisonnier de la maladie, qui laisse supposer l'influence de l'environnement extérieur sur l'homme. Le virus est connu mieux survivre hors de l'organisme par temps sec et froid, raison pour laquelle les épidémies saisonnières surviennent en hiver dans les climats tempérés. Néanmoins les pandémies se sont montrées actives sur toute la planète, et le virus aviaire H5N1 semble adapté (variants ?) aux zones tempérées et froides (Sibérie), comme aux zones chaudes dans la mesure où il a en particulier sévi en Asie du Sud est et en Indonésie, avec quelques foyers en Afrique, dans la zone tropicale.

Le mot français grippe aurait une origine germanique, Grippen signifiant «agripper, saisir brusquement». C'est à dire : on n'attrape pas la grippe, c'est elle qui nous «agrippe». La grippe était aussi appelée folette en 1733.

Le virus grippal infecte d'autres mammifères que l'Homme ; terrestres et marins. Mais c'est chez l'oiseau qu'elle est la plus fréquente. Chez l'animal on l'appellera longtemps «peste aviaire», «grippe aviaire» ou «grippe du poulet». L'évolution terminologique chez l'animal est due à deux raisons. La première, l'identification de deux groupes de virus causaux de ce qu'on avait dénommé peste, d'où la segmentation en maladie de Newcastle et influenza, deuxièmement la décision de ne se préoccuper, au niveau sanitaire, que des virus influenza hautement pathogènes pour l'espèce Gallus gallus. Au symposium de Beltsville (1981), on décide de ne plus parler de «peste du poulet» mais «d'influenza hautement pathogène», quoique le caractère pathogène ne dépende pas seulement du virus, mais également de l'immunité de l'individu infecté.

Virologie

Souche de l'agent responsable de la pandémie de 1968 : grippe de 1968 («grippe de Hong Kong»). Les projections extérieures de la surface contiennent les récepteurs par lesquels le virus s'attache aux cellules épithéliales du tractus respiratoire

Les virus de la grippe sont des virus à ARN. Ils appartiennent à la famille des Orthomyxoviridæ et au genre Influenzavirus, dont il existe trois types A, B et C distingués par l'antigénicité de leurs nucléoprotéines. Parmi les virus de type A, qui sont les plus habituels et les plus virulents, on distingue, en 2003, plusieurs sous-types sur la base de leurs antigènes de surface, l'hémagglutinine (H1 à H16 - l'antigène H16 a été identifié plus tardivement[25]) et la neuraminidase (N1 à N9) [26]. Les virus de type A et B sont responsables des épidémies grippales annuelles, mais seuls les virus de type A sont à l'origine des pandémies grippales. Le virus de type C semble lié à des cas sporadiques et donne le plus fréquemment une grippe d'expression modérée. Les virus A et C infectent plusieurs espèces, alors que le virus B est presque spécifique de l'espèce humaine (on ne le rencontre sinon que chez les phoques) [27], [28].

Structure de la particule virale

La particule virale est constituée d'une enveloppe lipidique hérissée de spicules constituées par les glycoprotéines de surface. Les virus A et B ont deux glycoprotéines de surface, l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N).

L'hémagglutinine, qui représente à peu près 40% des glycoprotéines de surface, est constituée par l'association de deux sous unités, HA1 et HA2, reliées par un pont disulfure. L'association de trois monomères HA forme une spicule d'hémagglutinine à la surface de la particule virale. L'hémagglutinine permet la fixation du virus sur l'acide sialique terminal des cellules de l'épithélium cilié de l'arbre respiratoire : elle est particulièrement immunogène induisant la production d'anticorps dont certains peuvent être neutralisants.
L'hémagglutinine facilite aussi la fusion des membranes virales et cellulaires au cours de la phase de pénétration du virus.

La neuraminidase (ou N-acetyl-neuraminyl-hydrolase), est une sialidase présente sous la forme d'homotétramères à la surface de la particule virale. Elle permettrait la libération de virions néoformés en lysant les acides sialiques à la surface de la cellule, ce qui détache l'hémagglutinine et par conséquent la particule virale.

Dans le cas du virus de type C, il n'y a qu'une sorte de spicule à la surface de la particule virale qui assure les fonctions à la fois de l'hémagglutinine et de la neuraminidase.

En plus des glycoprotéines de surface, l'enveloppe virale est constituée de deux autres protéines virales : la protéine de matrice, M1, qui sous-tend la totalité de l'enveloppe virale et la protéine M2 qui joue le rôle de canal ionique pour les virus de type A. Pour les virus de sous-type B, une protéine de surface NB s'insère dans la bicouche lipidique et assurerait des fonctions équivalentes à celles de la protéine M2 des virus de type A. Enfin, une protéine CM2 serait l'homologue pour les virus de type C.

Au sein de la particule virale, le génome viral est présent sous la forme de sept ou huit nucléocapsides de symétrie hélicoïdale qui résultent chacune de l'association d'une molécule d'ARN et de nombreuses molécules de nucléoprotéine, NP. Cette protéine fait partie des antigènes internes du virus : elle détermine le type viral A, B ou C. Trois polymérases, PA (protéine acide), PB1 et PB2 (protéine basique 1 et 2, respectivement), forment le complexe réplicase/transcriptase et sont associées aux nucléocapsides. Le génome des virus A et B est constitué de huit segments d'ARN tandis que celui du virus C n'en comporte que sept.

Le virus de la grippe reste pathogène durant à peu près une semaine à température corporelle, plus de trente jours à zéro °C et presque indéfiniment à des températures particulièrement basses (par exemple les lacs du nord-est de la Sibérie). La majorité des souches de virus grippal sont facilement inactivées par les désinfectants et les détergents[29], [30], [31].

Classification et nomenclature

La classification des virus grippaux ne s'applique qu'aux virus de type A dont certains sont hautement pathogènes pour l'homme. Elle s'appuie sur les propriétés antigéniques de l'hémagglutinine (H) et de la neuraminidase (N). Il existe :

Cela peut donner 16 X 9 combinaisons envisageables. Chez l'homme on retrouve des virus à H1, H2, H3 et N1 ou N2 responsables de la grippe annuelle. L'ensemble des sous-types existent dans le monde aviaire avec des virus ayant une pathogénicité particulièrement variable pour les oiseaux. Ces dernières années, un virus hautement pathogène pour l'Homme, H5N1 (avec une hémagglutinine de sous-type H5 et une neuraminidase de sous-type N1) s'est propagé sous la forme d'une panzootie d'influenza aviaire et se transmet de manière particulièrement rare à l'homme ; on parle alors de grippe aviaire.

Pour le virus de la grippe aviaire, le terme «H5N1» est toujours large, et peut comprendre d'autres sous-types. En effet, aujourd'hui, différentes souches virales circulent avec des pouvoirs pathogènes particulièrement variables. Par exemple :

La nomenclature doit être comprise comme cela : type / animal chez lequel il a été isolé, sauf si c'est l'homme / lieu d'isolement de la souche virale / numéro de la souche / année d'isolement (sous-type).

D'autres souches (H5 ou H7) sont transmissibles à l'homme sans cependant avoir le même pouvoir pathogène. D'autres souches atteignent d'autres espèces de mammifères tels que le cheval, le porc, etc.

Origine de la variabilité des virus grippaux

La recombinaison du virus de la grippe, par réassortiment.

Les virus grippaux évoluent et mutent selon deux mécanismes : les mutations (glissements antigéniques ou drift) ou réassortiment antigéniques (shift).

Glissement.

Les mutations sont des variations antigéniques qui ne modifient pas la structure antigénique globale du virus et permettent par conséquent de conserver une immunité partielle à court terme. Ces mutations se produisent au moment de la synthèse des ARN viraux en raison du taux élevé d'erreurs de l'ARN polymérase virale. Pour tenir compte des glissements antigéniques, les vaccins grippaux sont par conséquent préparés chaque année à partir des souches virales ayant circulé l'année précédente. En février de chaque nouvelle année, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe les souches virales qui composeront le vaccin antigrippal de l'année suivante, suivant les données épidémiologiques résultant de la surveillance des virus influenza circulants. En 2005, l'OMS a demandé le remplacement de la souche influenza A/Fujian/411/2003 (H3N2) par la souche A/California/7/2004 (H3N2) pour la préparation des vaccins antigrippaux.

Réassortiments.

Les réassortiments antigéniques sont des changements radicaux de la structure de l'hémagglutinine. Elles résultent de réassortiments génétiques survenant entre des virus de sous-types différents. Ces réassortiments aboutissent surtout au remplacement d'un type d'hémagglutinine par un autre. L'antigène nucléoprotéique NP, lui, est conservé, il s'agit toujours d'un virus de type A. L'immunité préexistante à ce changement est sans effet sur le nouveau virus si bien que les grandes pandémies surviennent suite à des cassures antigéniques. À l'heure actuelle, les spécialistes craignent une recombinaison génétique entre un virus de la grippe aviaire A (H5N1) et un virus humain circulant qui pourrait donner naissance à un nouveau virus hautement pathogène pour l'homme.

Caractère saisonnier

La grippe est nettement plus fréquente et épidémique en hiver, sauf en zone équatoriale et lors de certaines pandémies. Ce phénomène est mal compris. On y a vu plusieurs explications :

Dans un air sec et froid, le virus grippal serait par conséquent plus stable et plus durablement infectieux. Une température de plus de 20 °C associée à une humidité relative de plus de 50 % semble défavoriser la contagion (hors contact physique direct). Néanmoins, des foyers infectieux importants sont constatés en zone tropicale et équatoriale, chez la volaille et chez l'homme.

Confirmant ces résultats, mais leur donnant une autre explication, une étude du National Institute of Health américain, publié dans Nature Chemical Biology début 2008, indique que «le virus de la grippe est enveloppé d'une couche de molécules grasses qui durcit et le protège lorsque les températures baissent. Cette enveloppe, constituée de cholestérol, fond une fois que le virus a pénétré dans l'appareil respiratoire de sa victime, il peut alors infecter une cellule et se reproduire. Quand il fait trop chaud la couche protectrice ne résiste pas et le virus meurt, à moins d'être à l'intérieur d'un organisme, ce qui explique sa propension à sévir en hiver. [... ] Résultat : une température de 5 °C et un degré d'humidité de 20% sont parfaits pour que les hamsters malades contaminent les autres. A 30 °C les chercheurs n'ont observé aucune transmission virale[33] [34]

Épidémiologie en France

Données épidémiologiques générales

En France métropolitaine, la surveillance[35] de la grippe a en premier lieu été faite par deux réseaux de médecins libéraux. Le réseau Sentinelles de l'Inserm et le réseau des GROG (groupes régionaux d'observation de la grippe) et sur une surveillance virologique faite par deux centres nationaux de référence (Institut Pasteur, Paris pour la partie nord de la France, et CHU de Lyon pour la moitié sud). Dans le cadre du plan pandémie, ce réseau a été progressivement complété (de 2003 à 2007) par :

  1. un réseau de surveillance de la mortalité spécifique en temps presque réel (via le suivi des certificats de décès d'environ 35% de la population métropolitaine, par 22 Ddass),
  2. un monitoring des grippes graves (via un réseau de 46 services d'urgences (réseau Oscour)
  3. un signalement des épidémies déclarées par les collectivités de personnes âgées. (Le délai moyen de signalement à l'INVS est passé de 21 à 10 jours de 2003 à 2007)

Dans les Antilles françaises, la surveillance est assurée toute l'année par 39 médecins libéraux sentinelles en Guadeloupe et 59 en Martinique. La cellule de veille sanitaire (CVS) de la direction de la santé et du développement social (DSDS) et la Cire Antilles-Guyane coordonnent ces deux réseaux.

Les personnes infectées sont contagieuses tant que durent les symptômes.

Données épidémiologiques hospitalières

L'Institut de veille sanitaire (InVS) recueille quotidiennement et automatiquement auprès de 38 établissements hospitaliers des données relatives à l'activité syndromique, dont la grippe, des services d'urgences. 23 établissements sont localisés en Ile de France (couverture : 25 % des services d'urgences), 14 localisés en France métropolitaine en dehors de l'Ile de France (couverture : à peu près 1 % des passages aux urgences) et 1 hôpital sur l'île de la Réunion. Le réseau OSCOUR couvre à peu près 10 % des passages aux urgences en France.

Données de mortalité par grippe

La DDASS du département le plus peuplé de chacune des 22 régions de la métropole rapporte chaque semaine à l'InVS le nombre de certificats de décès comportant les mots «grippe», «grippal» ou «grippaux» dans l'indication des causes de décès par semaine de décès. Des informations individuelles portant sur le sexe, l'âge, le lieu de décès sont renseignées.

Pandémie grippale

Article détaillé : Pandémie de grippe.

Les réassortiments génétiques peuvent être à l'origine de grandes pandémies mondiales de grippe. On en dénombre trois au cours du XXe siècle, en 1918grippe espagnole»), 1957grippe asiatique»), et 1968grippe de Hongkong»). Ces pandémies sont caractérisées par une morbidité et une mortalité élevées. Ainsi la «grippe espagnole» en 1918 et 1919 aurait fait de 30 à 100 millions de victimes (selon les évaluations, 40 millions selon le site de l'Institut Pasteur), dont plus de la moitié chez les jeunes adultes. Le virus en cause, proche de la grippe porcine, était particulièrement différent de ceux circulant à l'époque.

Diagnostic

Diagnostic clinique

La période d'incubation est courte (1-2 jours). La maladie commence brutalement par une fièvre supérieure à 38, 5 °C avec frissons, des céphalées, une sensation de malaise général (asthénie), de l'anorexie, avec des douleurs diffuses surtout des muscles (myalgies) et des articulations (arthralgies). À ce tableau s'ajoutent des signes d'atteinte respiratoire (congestion nasale, rhinorrhée, toux sèche), de l'odynophagie, de la dysphonie. La fièvre dure 2 à 4 jours, la guérison est rapide mais l'asthénie et la toux peuvent persister jusqu'à deux semaines.

Il est courant d'observer un'V'Grippal. Après l'incubation, il y a une forte fièvre (39-40°), puis une chute de la température avant une remontée, D'où le terme de fièvre en'V'.

Bien que les nausées et les vomissements puissent être rencontrés dans la grippe, en particulier chez les enfants, ils sont plus fréquemment l'expression d'une gastrœntérite virale dont l'épidémiologie est aussi hivernale[36].

Les risques de complication sont à prendre surtout en compte chez les sujets d'âges extrêmes (nouveau-né, nourrisson, enfant de moins de cinq ans), les femmes enceintes et ceux présentant des comorbidités (immnunodépression, diabète, atteinte cardiaque, atteinte respiratoire, atteinte rénale chronique).

La grippe est quelquefois un facteur de décompensation de pathologies sous-jacentes déjà présentes.

Les formes compliquées sont rares mais graves : œdème aigu du poumon dû à une insuffisance cardiaque gauche, myocardite, rhabdomyolyse, méningite lymphocytaire, formes neurologiques. Des complications liées à une surinfection bactérienne sont fréquentes : otite moyenne aiguë, bronchite, pneumonie bactérienne secondaire, sinusite chez l'enfant. Il peut aussi y voir de la déshydratation (à cause de la fièvre), des complications thrombo-emboliques de décubitus, la naissance d'une grippe maligne associée à un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), la naissance du syndrome de Reye en cas de prise d'aspirine ou de salicylés au long cours.

La grippe grave ne doit jamais être méconnue du fait de la possibilité de décès : il faut savoir que la grippe est la seconde cause de mortalité par maladie infectieuse en France, (2 000 à 4 000 décès par an en France, derrière la pneumonie à pneumocoque). Ce tableau clinique spécifique associe des signes aspécifiques de grippe avec une insuffisance respiratoire aiguë, et quelquefois défaillance multi-viscérale. Elle est toujours consécutive à l'infection d'un sujet fragilisé.

Diagnostic virologique

Le tableau clinique du syndrome grippal peut être induit par d'autres virus (paramyxovirus, adénovirus qui produisent des syndromes fébriles douloureux). Le diagnostic de certitude est essentiel pour dater le début d'une épidémie.

Le diagnostic se fait par l'analyse de prélèvements respiratoires : écouvillonnage nasal, aspiration naso-pharyngée. En cas de pneumopathie, surtout chez l'adulte, un liquide de lavage bronchoalvéolaire peut être prélevé.

La détection rapide du virus par une technique immunologique (immunofluorescence indirecte, tests immunophorétiques rapides, ... ) est la plus employée, car produisant un résultat en 3 à 4 heures, pour un coût faible, en répondant aux exigences de sensibilité et de spécificité des laboratoires de virologie.

De plus en plus de laboratoires utilisent aussi des techniques de biologie moléculaire : extraction de l'ARN viral du prélèvement, puis RT-PCR en point final ou RT-PCR quantitative. Ces techniques permettent un diagnostic assez rapide (moins de 2 heures pour l'extraction suivie de la RT-PCR quantitative) et fiable, qui a l'avantage aussi de permettre un premier typage. La RT-PCR peut ensuite être complétée par un séquençage du génome viral, dans un but principalement épidémiologique. C'est par exemple ce qui est réalisé dans les Centre Nationaux de Référence de la grippe en France.

L'isolement du virus sur culture cellulaire (cellules de reins de chien, MDCK) est exceptionnellement indispensable. Il est utile pour le suivi épidémiologique annuel de la grippe. En l'absence d'effet cytopathogène du virus, la culture doit être complétée par une réaction d'hémagglutination (HA), d'inhibition d'hémagglutination (IHA) ou d'immunofluorescence (IF).

Prospective :

Prévention et traitement

Mesures d'hygiène

Comme pour énormément de maladies infectieuses, l'hygiène est la première forme de prévention de la contagion en période épidémique ;

En cas de découverte d'un cadavre d'oiseau sauvage, il faut éviter d'y toucher.

Article détaillé : Comportements-barrière.
Article détaillé : Hygiène des mains.

En France, une ordonnance médicale permet d'acquérir sans frais en pharmacie un lot de 50 masques chirurgicaux (à changer après 4 heures de port).

Ces mesures (lavage de mains et masques chirugicaux) sont en particulier efficaces si elles sont prises particulièrement tôt dans le cours de la maladie[41]. La protection n'est cependant pas absolue, en partie certainement parce qu'elles sont complexes à mettre en place de façon rigoureuse dans la durée.

Prophylaxie : vaccination et antiviraux

La quarantaine est un moyen efficace, mais complexe à mettre en œuvre.

La vaccination anti-grippale est reconnue comme la meilleure prophylaxie.

Outre l'hygiène, la vaccination dans les pays où elle est accessible semble être la meilleure parade, avec des taux de protection par les vaccins de l'ordre de 60 % (jusqu'à 90 % pour la grippe saisonnière). Elle en diminue significativement le nombre d'hospitalisations mais aussi la mortalité[42], [43]. Cependant, l'explication de ces effets bénéfiques n'est pas claire puisque la mortalité diminue aussi en période non épidémique, ce qui laisse supposer que les personnes vaccinées sont peut-être simplement en meilleure santé[44]. Cependant des évaluations quasi exhaustives[45]sur près de 40 ans de vaccination antigrippale incitent à considérer ces taux[46] avec prudence.

Dans certains pays (France, Belgique), les sujets à risque (plus de 65 ans, insuffisance respiratoire chronique, atteintes cardiaques ou rénales, etc. ) ont droit à une vaccination gratuite. Elle est recommandée aux professionnels de santé ainsi qu'aux personnes œuvrant à des postes «socialement» exposés (enseignants, administration, transports en commun... ). Dans ce type de situation, le vaccin est remboursé.

Le vaccin le plus commun est une suspension de particules virales inactivées et purifiées qui offre une protection contre trois souches virales. Dans la majorité des cas, il comporte des particules de deux sous-types de virus influenza A et d'un sous-type de virus influenza B[47].

Le vaccin peut être administré de manière sous-cutanée ou intramusculaire.

L'utilisation de l'Oseltamivir® en prophylaxie antivirale est indiquée uniquement dans le cas où le sujet est déjà contaminé ou risque fortement de l'être. Elle permet la réduction de 80 % du nombre de cas de grippe chez les sujets contacts traités précocément, dans les premières 48 heures après contage.

La prophylaxie post-exposition par l'Oseltamivir® est recommandée pour les sujets dont l'âge est supérieur à 13 ans, à risques de complications grippales graves et/ou non protégés par la vaccination, car non vaccinés, ou à cause d'une vaccination dont la souche injectée est inadaptée, ou parce que la vaccination est trop récente, ou à cause d'une immunodépression notable.

Traitement

Traitement symptomatique

L'augmentation de la température centrale (Fièvre) est un mécanisme physiologique immunitaire antiviral qui perturbe la biochimie des réplications virales. Il n'y a pas de preuves scientifiques du bénéfice (en terme de morbi-mortalité) des traitements symptomatiques des infections virales aiguës bénignes saisonnières de l'adulte sain généralement et de l'infection grippal, surtout. Les traitements symptomatiques, dit de "grand-mère" devraient être re-considérer comme une alternative intéressante en terme de risque/bénéfice[48] et en terme de cout pour la collectivité : La totalité des spécialités à base de paracétamol seul représente 236 millions d'euros (+12 % depuis 2004) et le 5e rang des dépenses[49].

Traitement curatif

Il existe des médicaments antiviraux :

Les antibiotiques ne sont prescrits qu'en cas de surinfection bactérienne (surtout l'amoxicilline).

Notes et références

  1. Source : Public Health Image Library
  2. Publication de l'OMS : vaccins grippaux Relevé épidémiologique hebdomadaire de l'OMS, 19 août 2005, vol. 80, 33, pp. 277–288.
  3. P Villegas, «Viral diseases of the respiratory system», dans Poult Sci, vol.  77, no 8, 1998, p.  1143–5 
  4. R Eccles, «Understanding the symptoms of the common cold and influenza», dans Lancet Infect Dis, vol.  5, no 11, 2005, p.  718–25 
  5. http ://www. pasteur. fr/ip/easysite/go/03b-00000j-0h5/presse/fiches-sur-les-maladies-infectieuses/grippe
  6. Source : Groupe d'Expertise et d'Information sur la Grippe
  7. Grippe aviaire, février 2006, OMS. Consulté le 11 septembre 2007
  8. P Martin, «2, 500-year evolution of the term epidemic», dans Emerg Infect Dis, vol.  12, no 6, Jun 2006 [texte intégral] 
  9. Hippocrate, Adams, Francis (transl. ), «Of the Epidemics», IVe siècle av. J. -C. . Consulté le 18 octobre 2007
  10. décrite par Jussieu en 1729, Modèle :Quid 2006 cp121
  11. CW Potter, «A History of Influenza», dans J Appl Microbiol. , vol.  91, no 4, Oct 2006, p.  572–579 [texte intégral] 
  12. Thomson, Theophilus, Annals of Influenza or Epidemic Catarrhal Fever in Great Britain from 1510 to 1837, Sydenham Soc., London, 1852
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  37. équipe de Juergen Pipper, de l'Institut de bio-ingénierie et nanotechnologie de Singapour)
  38. (Édition en ligne du journal Nature Medicine, Sept 2004)
  39. Site de PORTFASTFLU
  40. Lœb M, Dafœ N, Mahony J et Als. Surgical mask vs N95 respirator for preventing influenza among health care workers : A randomized trial, JAMA 2009;302 :1865-1871
  41. Cowling BJ, Kwok-Hung Chan, Fang V, Facemasks and hand hygiene to prevent influenza transmission in households, Ann Int Med, 2009;151 :437-446
  42. Note : la vaccination diminué la mortalité de 30 à 50 % chez les plus de 65 ans en période de circulation du virus. Voir le texte court 2005 de la Société de pathologie infectieuse de langue française
  43. Nichol KL, Nordin JD, Nelson DB, Effectiveness of Influenza Vaccine in the Community-Dwelling Elderly, New Eng J Med, 2007;http ://content. nejm. org/cgi/content/abstract/357/14/1373
  44. Eurich DT, Marrie TJ, Johnstone J, Majumdar SR, Mortality reduction with influenza vaccine in patients with pneumonia outside "Flu" season Pleiotropic benefits or residual confounding ?, American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine 2008;178 :527-33
  45. The Cochrane Collaboration, dans ses rapports sur tous les essais cliniques effectués depuis 1969 sur la vaccination anti-grippale, conclut à une efficacité clinique énormément plus réduite (36 % au maximum pour les essais fiables) et quelquefois nulle selon les groupes étudiés. Cf. The Cochrane Database of Systematic Reviews.
  46. Le taux de protection établi à partir des titrages d'anticorps circulants dans le sang des vaccinés lors d'essais cliniques expérimentaux contrôlés ( (en) efficacy) n'est pas la même chose que le taux de protection réelle clinique dans la population ( (en) effectiveness).
  47. F Horwood, «Pneumococcal and influenza vaccination : current situation and future prospects. », dans Thorax, vol.  57 Suppl 2, p.  II24–II30 [texte intégral] 
  48. Paul IM, Beiler J, et al. Effect of honey, dextromethorphan, and no treatment on nocturnal cough and sleep quality for coughing children and their parents. Arch Pediatr Adolesc Med. 2007 Dec;161 (12)  :1140-6.
  49. Médicaments remboursables : analyse des principales évolutions de l'année 2006[pdf], Caisse nationale de l'Assurance Maladie - 7 juin 2007.

Voir aussi

Articles divers
Grippe chez les animaux
Grippes pandémiques historiques
Grippe aviaire
Grippe porcine


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